mercredi 28 octobre 2015

L'auberge Espagnole

Il y a des régates que l’on ne peut louper. Les grands rendez-vous, certes, mais aussi ceux qui portent d’autres valeurs, celles des relations humaines et des liens de camaraderie.

Cela faisait longtemps que les Qnus (terme volontairement employé largement pour inclure aussi, puisqu’il faut le faire, les amis de Carnon, qui, avec de grands efforts, ont monté un club très actif de VRC dans leur port) cela faisait longtemps, donc, je disais, que les Qnus voulaient rendre la politesse aux Catalans outre Pyrénéens. Aucun rapport avec ces petites friandises chocolatées qui se mangent froides, non, puisqu’ils ont le sang chaud de leur pays, et plutôt coriaces sur l’eau.


Rendez-vous fut donc pris. La  ʺ X Tramontana  cup " à Rosas le weekend du 24 et 25 octobre  fut inscrite à notre calendrier.

La logistique, comme à l’habitude, était déjà bien en place. Voiture commune, pilote Capedocien/biterrois (Laurent), Copilote en formation Balaruquois/retraité (Gégé) et l’ours bavard Ouveillanais à l’arrière (Tom).Arrivés à Rosas vers 14h, comme prévu, nos différents rendez-vous étaient absents. Le vent faisait la sieste et la BénéLuc Family ne trouvait pas de réseau pour nous répondre. C’est donc à regrets que nous avons dû nous rabattre sur une bonne bière bien fraiche et des tapas excellents, au soleil de Rosas. 
 

Arrivés au plan d’eau, nous gréons nos bateaux. Le vent se lève tranquillement, nous ne sommes pas pressés. Le plan d’eau est superbe, et franchement très bien placé pour de la voile spectacle. D’ailleurs nous passons  une partie de l’après-midi à répondre aux questions des badauds, le plus souvent en français, et poser pour des photos !
Les bateaux vont bien, on se chicane sur l’eau, on profite du moment. Laurent, Gérard, Luc et moi peaufinons nos réglages, travaillons nos pouces. On s’aperçoit aussi que, s’il y a quelques mois les différences de vitesses étaient flagrantes, les plus lents ont comblé une grande partie de leur retard, et cela n’en est que meilleur pour l’entrainement.

Le soleil se couchant, nous rangeons les bolides après les avoir rincés, puis nous suivons Luc vers Llanca, petit port typique où sa famille possède un petit pied à terre dans lequel il nous a très gentiment invités à passer la nuit.

Puis direction le restaurant, mouton pour les uns, paëlla pour les autres, c’est une vraie très bonne soirée que nous passons. Les régates ne seraient pas aussi bonnes si les moments en dehors de l’eau n’étaient pas ainsi.Repos bien mérité, nous fermons les yeux au rythme lent des ronflements de Gérard.
Lendemain matin, branle-bas de combat, les voitures sont chargées de « presque » tout le matériel, puis nous prenons la route vers Rosas. Je dis presque, parce que l’on ne parle pas assez de la fourberie des tubes de jaumière qui sautent de leur trou pour se planquer sous une chaise. Il faudra l’extrême gentillesse de Béné, la femme de Luc, et un aller/retour express d’une bonne heure, pour que je puisse le retrouver !

L’accueil des catalans est somptueux. Les amis sont bien évidemment là, les embrassades sont longues, et les discussions s’emballent. Il est midi, l’heure du premier départ, mais … les catalans attendent le vent qui devrait tourner.
Alors ils offrent des bières, fraiches, des bouteilles d’eau, ça rigole, ça navigue….
Puis le premier départ est donné. Ils s’enchaineront toute l’après-midi dans un vent soutenu, nous tentant même de passer au jeu 2 à quelques occasions. Mais non, ce sera du haut de 1, qui mollira de temps à autre.
 

Laurent joue de malchance sur les premiers départs, mais malgré ce handicap, profite de sa tactique et sa vitesse pour vite dominer les manches. Derrière, je me bats avec quelques catalans accrocheurs, le niveau est très bon, et les erreurs tactiques sont très dures à récupérer. Gérard fait très bien marcher son Lintel, et vient de temps à autre montrer le bout de son étrave en première partie de flotte.
Luc découvre les longues journées de régate. Il profite de son expérience en voile grandeur pour gratter quelques places. En tout cas, il navigue de mieux en mieux et devrait rapidement nous surprendre.
Didier qui nous a rejoint le matin peine un peu en début de journée, mais la vitesse de son BP lui permet de jouer toujours en milieu de peloton. Quand il va savoir le faire marcher, lui aussi va nous chatouiller de près.

La journée s’achève. Laurent remporte la ʺTramontana Cupʺ, logiquement au vue de son aisance sur l’eau tout au long de la journée. Toute l’équipe Française est très satisfaite de sa journée. Les embrassades reprennent, les interviews pour Laurent aussi, mais on finit par arriver à décoller vers la frontière. Ce soir, c’est avec de belles couleurs aux joues et des souvenirs ibériques plein la tête que nous dormirons.
 




Thomas Dréan
 

 

 

vendredi 23 octobre 2015

Déplacement à Rosas pour la régate "Coupe Tramuntana 2015"

L'équipe du Languedoc Roussillon VRC (Gérard, Luc, Didier, Thomas et Laurent)
sera présente des le samedi dans l'après-midi en Espagne, pour participer le lendemain à la régate a Roses avec nos amis Catalan qui compte 18 inscrits.
Une belle rencontre  en perspective entre les deux pays voisins pour en faire une épreuve annuelle qui se veut conviviale mais aussi sportive.


Lien du forum :
http://classe1m.ipbhost.com/index.php?/topic/2201-x-tramuntana-cup-roses-lenguados-occitane/#entry34497

vendredi 16 octobre 2015

Billet d'humeur de Tom sur sa participation au National 1M au SNO à Nantes

De fil en aiguilles


Il est des championnats qui vont. Tout roule, tranquille, les performances s’enchainent, les manches s’enchainent, les blagues de Jacques s’enchainent, même une télé sans chaine se perds dans un meuble en chêne, au coin de la salle où nous profitons des douceurs des hôtes.
Et puis il y a les autres.
Ceux où tout se déchaine, lentement.

La coutume, de part chez nous les Qnus, c’est le gros débriefing à chaud. D’abord après les manches, puis en fin de journée, puis surtout celui qui peut prendre des heures, celui quand on est enbouchonnés, en rentrant dans le sud.  Celui pour lequel il ne manque qu’Eugène pour refaire le match, celui ou nos erreurs nous pètent à la gueule, celui où nos coups d’éclats, éphémères entre deux petites bouées sous le vent, sont balayés par l’étude d’une feuille pliée en quatre, ectoplasme froissé du tableau de marque froid, humide souvent, noir, banderillé de pages photocopiées que les yeux avides de miracles viennent lécher langoureusement.
Et cette année, ce mois, ce jour même de début d’Octobre, je suis seul, avec ma petite auto, derrière mon petit volant à tourner et retourner de sombres idées.
Seul.
Terriblement seul.
Alors on trouve des coupables, on s’invente des excuses.
Peut être ne suis-je bon qu’à égorger des chats.
Sept heures à rouler mes idées, au long des kilomètres avalés, en une pelote indigeste de rancœur légère et tenace.
Reprenons, mes chers amis, colocataires cérébraux, par le début, peut être trouverons-nous les raisons d’un tel état.
D’abord… d’abord….
D’abord il y a le taf, celui qui dévore mon énergie, accapare mon esprit et déconstruit le temps.
-       C’est celui qui t’oblige à arriver au National mal préparé, le treuil à peine huilé.
-       Mais c’est celui qui te permets de voir plus loin, d’envisager l’avenir, et surtout, pour notre affaire du jour, d’acheter ton matériel.
-       Ce n’est donc pas l’origine du problème alors ?
-       Ce peut être une excuse, mais en aucun cas la source de ton ressenti.
 

Alors, ce doit être les autres. Ceux autour, ceux qui s’entassent au tour de moi dans le hangar, ils m’étouffent, ils empêchent ma grande carcasse de bouger librement. Puis sur l’eau, des fautifs ! des fautifs partout ! Barging, horrible abattée, arrivées bâbord à la croate bouée au vent, ils viennent détruire lentement le bateau que j’ai eu tant de mal à avoir. C’est eux les fautifs.
-       N’oublie jamais que toi aussi, tu fais des erreurs, toi aussi tu ruines des francs bords, toi aussi, tu es vu par certains comme celui qui froisse.
-       Pas eux, donc ?
-       Non, pas eux. Surtout que sans eux, il n’y a que toi, et que seul, tu remportes un championnat qui n’existe pas.

Alors c’est les Umpires. Me dites pas le contraire c’est eux, les fautifs. C’est eux qui me rendent triste entre Bordeaux et Toulouse au moment où la pluie nettoie mon pare brise.
Rendez-vous compte. Des erreurs importantes, dont une, où l’on me prive de bouée pour finir mon parcours. Tous les coureurs sont d’accord avec moi, il fallait recourir.
-       Non
-       Comment ? comment peux-tu dire non ?
-       HMS mon ami…
-       Mais tout le monde le sait, on recoure en cas de problème identique !
-       La loi, relis la loi. Ce n’est pas parce que c’est une habitude, et que cela semble être la meilleure solution, la plus équitable, que cela est LA LOI.
-       Mais le jury ….
-       Il applique la loi, dura lex sed lex.
-       Ils ont oublié de noter une arrivée !
-       Tu ne courrais pas cette course.
-       Alors ce n’est pas eux non plus ??
-       Une cible facile, mais non, ce n’est pas eux.
-       La météo !
-       Il a fait super beau, à Nantes !
-       Le vent !
-       Bravo, tu en es à accuser le vent.
-       L’accueil ! la télé marchait avec une fourchette pour le match !
-       Elle marchait, tu as vu le match,  l’Angleterre a perdu, tout le monde était au top, et tu as beaucoup aimé les repas.
-       Le bateau ! j’ai ce soucis de dérive trop en arrière…
-       Ce serait vrai dans le gros temps, de plus il est étanche maintenant.

Je maugréais derrière mon volant. Comme pour le faire exprès, un bouchon, encore.
Ca pédale sévère sous la casquette. J’estime le retard, les minutes perdues entre deux Mégane. Ca boude. A 33 ans, ça boude… Puis, à côté, une dame.
Pas grand chose, un sourire, au milieu d’un embouteillage, sous la pluie fine qui plombe mon moral.
-       T’as vu, rien ne l’atteint. Le jour où tu seras capable de la même chose en régate, ça ira mieux.
-       Bientôt ça va être moi le fautif …
-       Exactement.
 

Tilt.
La vérité est toujours vue sous un prisme. Que l’on soit d’un côté ou de l’autre, la vérité n’est pas toujours comme on la souhaiterait.
J’étais donc, seul, mais maintenant, seul et chargé d’un très lourd fardeau. Je m’étais flingué tout seul ma régate.
Non pas l’ambiance et les extérieurs, non, tout a été parfait. L’accueil des Ligériens sans condition ni restriction, l’organisation de la régate, la météo, le bateau qui a tenu le coup malgré ceux reçus, l’ambiance au top tout le week end…
Alors je me refais tranquillement le film, avec un nouveau prisme.
Premier jour, arrivée dans un cadre parfait, vent sympa, entrainement, arrivée des potes. On se sent mieux, on se sent bien et fort quand ils sont là.
Le lendemain, tout va bien, les manches commencent, les repères sont là, les bouchers sur la ligne de départ sont là, taillent des steacks saignants, les forts en voix chantent les louanges de leurs adversaires et réservent quelques couplets aux arbitres, les meilleurs sont devant, encore, et on se marre sur la dune verte en regardant tout ça.
Soirée parfaite, une victoire mémorable des Qnus sur la doublette ligérienne au baby au terme d’un match incroyable, puis retour sur l’eau. Et… c’est là.
C’est là que je dévisse.
Départ catastrophique à cause d’une abattée sauvage qui vient détruire ma vitesse et prendre mon vent. Je râle, trop, perds ma concentration, je veux un fusil, faire un trou dans fon foc, en représailles. Mais c’est un trou de vent que je trouve. Je m’englue, déjoue, tricote à l’envers, et arrive en fond de flotte au dog leg.
Après un tour pour rien, j’optionne comme un salaud à terre au portant, et reviens dans une position apte à potentiellement me maintenir en B. Rien n’est gagné, mais le cerveau refonctionne partiellement.  Coup du sort, le mouilleur qui ne m’a pas vu à la côte, enlève la bouée que je visais. Tout est foutu… ou pas, puisque je sais qu’on recours ce genre de manche. Génial, le boulet est passé près.
Ou pas, après 2h30 de palabres, je suis rétrogradé en C, et serai redressé sur les deux prochaines manches.
 
Je prend cela pour de l’injustice.
Arrive ce qui devait arriver. Je me fais dégommer en C, départ flingué encore par un barging, un pikanto fou arrivé en travers, puis un habitué de l’arrivée bâbord me fait péter les barres de flèches à la bouée au vent.
Sorti de l’eau, le constat est accablant. Je serai donc redressé sur une C abandonnée, puis sur une D qui risque d’être sport. C’est Noël dans ma tête, j’ai les boules et les guirlandes qui clignotent. C’est très clair, quitte à subir, le prochain qui me fait une crasse sur l’eau, je le coule, lui et son bateau.
Course, classement, régate foutue. Je prends alors la seule bonne décision qui me convient à ce moment, j’arrête de courir et range le bateau. Cela me permet de rester aimable et continuer à passer un bon moment avec les copains.
J’aurais du, il est vrai, demander un redress, faire sauter la personne qui me force à me retirer, repartir en D et serrer les dents.
J’ai craqué, seul, en me montant la tête.
Je suis le seul fautif, le seul responsable du classement qui est le mien.
Il restera nombre de souvenirs épiques du SNO, un accueil formidable, un site superbe, un vent taquin, et un babyfoot.
Je reprends ma route vers chez moi, je trouverai le réconfort dont j’ai besoin dans les bras de ma femme, qui m’attend depuis trop de jours.


Tom, FRA 107. Qnu Cap d'Agde

Retrouver l'album photo de l'épreuve:
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